lundi 10 décembre 2012

Avenue Chardy - I : rue Gourgas



L'épicerie

Au coin de l'avenue Chardy et de la rue Gourgas se trouvait l'épicerie de "Rose". C'est ainsi que mes parents appelait la Syrienne qui la tenait. J'en conclus que ça devait être son prénom. Nous, nous l'appelions l'épicière. On nous envoyait, ma sœur et moi, y faire quelques emplettes et rapporter les verres consignés.

Capsules et accident

A l'autre bout, la rue Gourgas débouchait (et débouche toujours) sur l'avenue Franchet d'Esperey et sur le marché en plein air. Ce tronçon de rue, je l'ai pris souvent. J'y ramassais des capsules de bouteilles à l'époque où j'en faisais la collection. Probable qu'il y avait, parmi mes camarades de classe, une "mode" de la collection de capsules. J'avais un grand sac en plastique transparent rempli de capsules que je glanais là, dans la partie en vert sur le plan, ou bien à la piscine des Tourelles. C'est de cette même portion que me reste un souvenir assez impressionnant. Un jeune noir portait une bouteille de gaz qu'il laissa malencontreusement tomber. L'explosion fut sonore mais le jeune homme ne fut blessé que légèrement, il me semble .

Chez le coiffeur et au café

C'est également dans la rue Gourgas, un peu plus bas, que mon père m'emmenait chez le coiffeur pour un rafraîchissement trimestriel. Comme je n'aimais pas trop ça, il me faisait régulièrement la même promesse : "Après, on ira voir les filles". (J'avais 6 ou 7 ans). Traduire : on ira prendre un verre au café. Il y avait un bar un peu plus loin. .

La pharmacie

Au coin de l'avenue Franchet d'Esperey, en face du marché, se trouvait une pharmacie. En mettant ce plan en ligne, je m'aperçois qu'il y a toujours une pharmacie au même endroit. A cette boutique est lié le souvenir de ma première pesée. Il y avait là une balance et je me rappelle même le poids indiqué par l'aiguille quand je suis monté dessus : 20 kilogs. Je n'avais aucune idée, à l'époque, de ce que ça signifiait. Trop ? Pas assez ? Un peu "juste", en fait, d'après ce qu'on ma dit plus tard. J'étais plutôt gringalet.

lundi 27 août 2012

Mes aïeux !

Les deux héros de ce blog, Raymond et Adrienne, ne sont pas nés de génération spontanée.

Je vous propose de jeter un coup d'œil sur leurs racines.

Cliquez sur l'image pour y voir beaucoup plus clair

Leurs pères, Gaston et Georges ont participé tous deux à la Grande Guerre. Mais ils ont connu des destins différents.

Georges Ibos


Georges, sur sa fiche matricule, est réputé "chauffeur auto" de profession. Il est incorporé au 29° Dragons en 1906. A la déclaration de guerre, il est affecté au 18° Escadron du Train et détaché à l'ambulance 15/18.
Conducteur pendant la guerre, il sera renvoyé dans ses foyers en 1919.

Georges Ibos au 29° Dragons -- vers 1908


A gauche : Georges Ibos vers 1917-1918 / A droite : avec sa femme et sa fille

Gaston Magniez

Gaston, de son côté, est incorporé au 26° d'infanterie en 1910 et rentre dans ses foyers en 1912. Il sera rappelé pendant la guerre et affecté au 167° Régiment d'Infanterie. Son parcours militaire est à consulter sur le très beau site "Les Loups de Bois-le-Prêtre" (rubrique Des citations et des hommes) ou encore sur cette capture d'écran(cliquez sur les liens). Il trouve la mort en 1916, à Reillons (Meuse), tué par un obus tombé sur son abri. 
Sur la photo de droite, on le voit aux côtés de son épouse, Blanche, 3 mois avant la naissance de son fils Raymond et 4 mois avant la mobilisation générale.


 26° RI - 1911                    Au mariage de sa sœur Marguerite en avril 1914

A cet "inconnu familier", je dois mon deuxième prénom. 





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dimanche 19 août 2012

1916 - Raymond, pupille de la nation

Raymond Magniez / avec sa mère / avec son père
Cliquez pour agrandir la photo



En septembre 1912, Gaston Magniez rentre dans ses foyers après un peu plus de deux ans de service militaire au 26° puis au 167° régiment d'infanterie. 

Le 26 avril 1913, il épouse Blanche Henriette Villemain. De cette union, naît, le 12 juillet 1914, leur fils unique, Raymond.. . 

Bonheur de courte durée car, deux mois plus tard, la France entre en guerre et Gaston est mobilisé au 167° RI. Il sera tué en avril 1916, laissant une veuve et un orphelin. 

Le parcours militaire de Gaston est à consulter sur le très beau site "Les Loups de Bois-le-Prêtre" (rubrique Des citations et des hommes) ou encore sur cette capture d'écran. (cliquez sur les liens)


Raymond, 8 ans.
(cliquez sur les photos pour les agrandir)


La photo ci-dessus à été prise au mariage de son oncle maternel, René Villemain. Pour une petite présentation des 6 frères et sœurs Villemain, cliquez sur la capture ==>


Âgé de deux ans à peine, Raymond se retrouve "pupille de la nation". Il sera élevé principalement par sa mère et par sa tante Marguerite.

Chez le photographe, on est sérieux

Marguerite, Raymond, X, Sidonie.

Raymond vers 1924 à Grévillers (62) avec sa mère et sa
grand-mère paternelle, Sidonie.
Souple, le poignet.

Raymond et Blanche


Regarde, cousine, le petit oiseau va sortir.

Les années passent...... 
Arrive le moment où il faut choisir une profession. Raymond sera typographe, comme une grande partie des hommes de sa famille. 
Plus tard, il abandonnera l'imprimerie pour entreprendre une carrière d'artiste.

vendredi 17 février 2012

La Bohème... Adrienne, rue Elysées-des-Beaux-Arts.

Montmartre !!!




                      
                                                La Boheme par anidavid1


Je vous parle d'un temps
Que les moins de 20 ans
Ne peuvent pas connaître

Raté, je n'avais que 14 ans quand Aznavour chantait ça en 1966. 
Ma mère, elle, a connu et le temps et le lieu en question.



C'est la page de garde de son passeport en 1948. 
Domicile : 23, rue Elysées-des-Beaux-Arts
Document indispensable pour celle qui s'apprêtait à partir en Afrique, à la "poursuite" (mais oui !) du saltimbanque qui l'avait mise enceinte de ma sœur aînée.. 

...mais c'est une autre histoire qui viendra à son heure...

Le 23 est à l'emplacement de la croix rouge.

La rue Elysées-des-Beaux-Arts à Montmartre
"Passage" jusqu'en 1932, elle est devenue rue André-Antoine l'année de ma naissance, mais je n'y suis pour rien. Pas que j'aie le moindre grief contre cette homme de théâtre mais je trouve que "Elysées-des-Beaux-Arts" était un bien joli nom.
Elle va du Boulevard de Clichy à la rue des Abbesses, à laquelle elle accède par un escalier.

1902. Au fond, l'escalier menant à la rue des Abbesses. Le 23 est derrière le dos du photographe.

Voyons ce qu'on nous en dit sur le Web
Dans le passage et la rue des Beaux-Arts, il y avait à l'époque de nombreux petits logements bons marchés et pour gens de passage. Quelques artistes y vivaient, peintres de la place du Tertre, musiciens, personnel du cirque Medrano sur les boulevards, danseurs de cabarets des alentours de la place Pigalle, immigrants. [...] 
(Sources : HILLAIRET, Connaissance du Vieux Paris. GROETSCHEL Yves, Montmartre - Clignancourt).
On reconnaît bien là le Montmartre chanté par Aznavour dans la vidéo d'introduction.

Adrienne y eut d'illustres prédécesseurs : le poète Jean Goudezki vers 1900 (à la même adresse que ma mère, paraît-il), auteur du premier sonnet holorime et pensionnaire du  "Chat Noir", le peintre Modigliani dans les années 1910, le chanteur Pierre Dudan dans les années 30....
Après le « Lapin [Agile]  » et la « Vache », me voici au « Chat noir », boulevard de Clichy, et « Chez Bruant », boulevard Rochechouart. Ce qui me permet de quitter ma trappe à punaises de la rue Elysée des Beaux-Arts et de louer un appartement décent, mais non meublé (Pierre Dudan, Trous de Mémoire, 1977)
...et successeurs : Michel Rigel, peintre, graveur, lithographe et sculpteur.


Les escaliers, vues de la rue des Abesses - 1935

C'est le...


....que le Préfet de Police appose son cachet sur le passeport de ma mère. Elle est divorcée de son premier mari depuis un peu plus de 3 ans.

Mais une autre rencontre vient d'avoir lieu.



Le destin de la musicienne bordelaise immigrée à Montmartre vient de croiser celui du fantaisiste parisien, "l'enfant chéri de Bruxelles", comme l'affirmait un programme de l'époque. Est-ce dans ce petit studio de la rue Élysées-des-Beaux-Arts qu'a été conçue ma sœur Martine ?

samedi 21 janvier 2012

Les orchestres féminins dans les années 30 et 40.

De l'époque autour de la guerre, celle du "swing", on ne retient généralement que le Big Band de Jacques Hélian, composé exclusivement d'hommes;  et les Collégiens de Ray Ventura...

..
1938
...qui ne recrutait guère de "collégiennes" autrement que comme chanteuses.

Pourtant, à la même époque existaient plusieurs orchestres composés exclusivement de femmes; que le web n'évoque pratiquement pas. Il est donc temps de réparer cette  injustice grâce au peu que je sais, tout en remerciant mon "héroïne" d'avoir gardé quelques photos et transmis quelques souvenirs.
Ces orchestres travaillaient principalement dans les cafés, les restaurants ou les brasseries, interprétant les airs à la mode à l'époque.

Adrienne fit partie de plusieurs de ces formations. Dans sa région d'abord, à Bordeaux, puis à Paris où elle s'installa plus tard. Ces musiciennes étaient souvent polyinstrumentistes..

1937 - Café de Bordeaux. Adrienne à l'accordéon.

Le sax, comme ici, jouait aussi du violon, en fonction des morceaux. Quant à Adrienne, elle se partageait entre le piano, l'accordéon et les percussions. (une génération plus tard, j'ai, à mon tour, perpétué cette tradition familiale de polyvalence -- "bon à tout, bon à rien", comme j'ai entendu dire; mais ce n'était certainement pas le cas de ma mère, au moins pour le piano).

.Lieu et année inconnus - Adrienne à la batterie.

Restaurant "Le Palais d'Orsay" 1944 - Batterie

A l'époque de cette photo, Adrienne habitait probablement rue Elysées-des-Beaux-Arts (aujourd'hui rue André-Antoine), à deux pas du Métro Abesses. Pratique, pour aller jouer, le soir.

Elle avait épousé Robert Alexis Jean Bossy*, un collègue clarinettiste, en 1933. Il n'est pas certain qu'il l'ait suivie à Paris car, d'après ce que je sais, il ne cohabitaient pas beaucoup. Ce qui est sûr, c'est que le divorce fut prononcé le 4 juin 1945.
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* Vers 1954, Robert Bossy devint le locataire de ma mère dans notre maison de famille de Talence, preuve qu'ils s'étaient quittés en relativement bons termes. C'est ainsi que j'eus le plaisir d'avoir ses fils d'un deuxième mariage comme compagnons de jeux. Je salue au passage "Dany" et "Jean-Mi".

jeudi 19 janvier 2012

Adrienne, dix-huit ans, élève pianiste.

Avant toute chose, donnons une couleur sonore à cet article.
Pour cela veuillez cliquer sur le bouton de lecture.
(Cliquez sur les photos pour les voir en plus grand).



Couleur bien adaptée à son sujet puisque Chopin était le compositeur favori de ma mère. Cette fantaisie impromptu, sous les doigts de maman, tient une place prépondérante dans la "bande originale" de mon enfance.

Comment devient-on musicienne ?
Voici, en substance, ce qu'elle en disait.
"Je travaillais mon piano huit heures par jour. L'hiver, les pièces étaient mal chauffées et je devais enfiler des mitaines pour débuter chaque séance de travail"

Rappel : cliquer sur les photos pour les agrandir.

1920 - 9 ans - Conservatoire de Bordeaux - Classe de Solfège

Des mitaines, oui, parce que, des gants, ça ne le "fait pas" pour jouer d'un instrument. (Coluche excepté, naturellement).
Je sais maintenant pourquoi, quelle que fût ma motivation, je ne suis pas devenu instrumentiste...ou si peu.

Enfin, j'imagine que "huit heures", c'était à la fin, une fois qu'elle a eu arrêté l'école. A cette époque-ci, probablement ==>

1929 - 18 ans - Conservatoire de Bordeaux - Classe de piano



Deuxième prix de piano en 1932 à Melle Ibos Adrienne (le premier, l'année suivante).

Mais le véritable aboutissement de ces efforts, ce n'est pas le diplôme,  c'est....ben....de jouer, jouer et encore jouer, notamment dans des orchestres féminins mais ça, c'est une autre histoire pour un autre article.



lundi 9 janvier 2012

Avenue Chardy 1957-1959

Nous avons vécu ici, à l'angle de l'avenue Chardy et de la rue Lecœur, au-dessus du Pam Pam, pour ceux qui connaissent..
Vue du sud....

Vue du nord...

J'ai essayé de reconstituer l'immeuble et l'appartement sous Sketchup8.


Et, tout d'abord, deux photos prises à cette époque.

Living - à gauche : table de la salle à manger
à droite : le piano....et moi
au fond : porte de la chambre des enfants
Prise du salon - au fond la table de la salle à manger
Sur le buffet, un ventilateur, accessoire indispensable.



On est partis pour une petite visite dans l'espace et dans le temps. Source : des photos pour le côté factuel et, pour la dimension plus subjective, beaucoup de souvenirs et un chouïa d'imagination pour suppléer à ceux qui manquent. Le tout filmé à hauteur de mes yeux d'enfant. . 





Parmi les détails "authentiques", l'album de Tintin sur la table basse que je lisais à cet endroit précis. Autre détail authentique : l'ouverture de Guillaume Tell jouée par le "meuble Grundig" à la fin : il doit être quelque chose comme six heures du soir et c'est l'heure des infos sur Radio-Abidjan.
Radfio-Abidjan, c'est la voix de mon père, Raymond Magniez, l'un des "héros" de ce blog. Il faudra donc fatalement y revenir.



Et voici l'original, à peu près à la même époque (on aperçoit, au fond,  l'Hôtel de Ville, qui a été construit en 56).

Avenue Chardy -- Notre appartement est au bout de la flèche rouge.
En arrière plan à gauche, l'hôtel de ville
Au bout de l'avenue, l'hôtel du Parc.



Le piano, dans le living, était l'instrument de travail de ma mère, Adrienne Ibos. A cette époque, elle enseignait le piano à l'Ecole de Musique d'Abidjan.


Notes : Guillaume Tell mis à part, la bande son est constituée de choses que nous entendions à cette époque.
Hello, le Soleil Brille - Annie Cordy / Mustapha, l'histoire du gars qui adore sa chérie autant que la sauce tomate (si, si)  / Scoubidous - Sacha Distel / Si tu vas à Rio - Dario Moreno / Vacilon -- un cha cha qui faisait fureur à Abidjan quand j'avais 7 ans.

Moyens techniques : Google Sketchup8, CamStudio, Windows Movie Maker.


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